GAZPROM S’IMPLANTE AU LARGE DES CÔTES DU VIETNAM

Le 6 avril 2012, GAZPROM, la plus importante société russe d’exploitation pétrolière, a annoncé avoir signé avec le gouvernement vietnamien un important accord lui permettant de prendre une part minoritaire de 49 % dans le développement de deux « blocs » du sud de la Mer de Chine, au large des côtes vietnamiennes, dans la zone EEZ (Zone Exclusive Economique) du Vietnam.

Les deux blocs concernés sont estimés contenir plus de 2 trillions de tonnes de gaz naturel et 25 millions de tonnes de condensés gazeux.

Cet accord est incontestablement d’une grande importance économique pour le Vietnam, mais il n’est pas non plus sans intérêt pour la Russie qui lui accorde une valeur stratégique considérable.

En effet, discrètement depuis plusieurs années, la Russie s’intéresse très sérieusement au Vietnam : fourniture de sa première centrale nucléaire, accompagnée d’un prêt de 8 milliards de dollars, livraison à la marine vietnamienne de navires, armements et équipements les plus modernes, modernisation de la base maritime de CAM-MANH…

L’accord GASPROM-VIETNAM est le coup de gong qui rappelle brutalement à la Chine et au monde que la Russie tient une place en Extrême-Asie, et qu’elle entend la faire reconnaître.

A l’annonce de cet accord, Pékin s’est senti comme trahi. Au cours de ces dernières années, les relations Chine-Russie s’étaient progressivement améliorées et leurs « coopérations stratégiques » étaient passées d’une simple formule opportune à une coopération réelle et apaisée. De plus, Pékin avait accueilli avec plaisir le retour de Poutine au Kremlin, après n’avoir jamais instauré de relations de confiance avec Medvedev.

Le gouvernement chinois, resté presque « sonné », n’a pas immédiatement réagi avant de le faire, non sans fermeté mais avec modération, son ministre des Affaires étrangères déclarant : « la Chine espère que des compagnies appartenant à des pays hors de la région du Sud de la Mer de Chine respecteront et supporteront les efforts fait par les parties directement concernées pour résoudre toutes disputes  par des négociations bilatérales ».

Cela est clair. La Chine maintient sa position. Elle ne connait que les parties « directement » intéressées et veut traiter bilatéralement avec. Dans un tel processus, la Russie n’a pas sa place.

Or la Russie en veut une en Extrême-Asie, tout comme les Etats-Unis, ainsi que le président Obama l’a proclamé en novembre dernier à Hawaï.

Tous les pays de l’ASEAN, c’est-à-dire les pays de l’Asie du Sud-Est approuvent à 100 % ;  les Etats-Unis et la  Russie avec un peu moins d’enthousiasme.

La Chine est donc sous pression.