Au cours de ces dernières années le Pakistan et la Russie ont entretenu des relations suivies et régulières, discrètement, on pourrait même dire «  dans l’ombre ».

Cette politique de rapprochement a probablement été initiée par le Président POUTINE avant qu’il ne quitte la Présidence russe et son successeur MEDVEDEV a suivi cette initiative. Le Président pakistanais Monsieur ZARDARI a ainsi rencontré 7 fois le Président MEDVEDEV entre 2008 et 2012, et certains assurent qu’au cours de ces contacts les deux hommes sont devenus assez proches.

Aujourd’hui, revenu au pouvoir, le Président POUTINE semble devoir persévérer dans cette voie d’un rapprochement, et il a déjà annoncé qu’il rencontrerait en septembre, à ISLAMABAD, le Président SARDARI.

Certes, il ne faut pas donner à ces contacts une importance qu’ils n’ont pas encore.

En effet, la méfiance entre ISLAMABAD et MOSCOU a été très profonde dans le passé, et encore aujourd’hui beaucoup de Russes restent très réservés et hésitent à oublier.

La Russie est très attachée à la non-prolifération nucléaire, beaucoup plus qu’il n’est généralement reconnu, et la Russie connait parfaitement le « lourd passé nucléaire » du Pakistan qui permet de classer ce pays, comme le plus dangereux déstabilisateur de l’équilibre nucléaire mondial, bien plus que ne le sont l’Iran ou la Corée du Nord.

Par ailleurs, la Russie ne peut être indifférente à l’inimitié sinon la haine manifestée à toute occasion par le Pakistan à l’égard de son fidèle allié indien.

Ce sont là de sérieuses entraves à un rapprochement des relations entre les deux pays.

Mais, il faut être pragmatique. La Russie convaincu que le Pakistan pourrait se trouver en certains temps, l’élément indispensable pour permettre un règlement relativement satisfaisant de la situation de l’Afghanistan qui reste, depuis toujours pour la Russie, un pays d’exception dans sa stratégie mondiale et cela non seulement parce qu’il détient des richesses propres de grandes valeurs, mais surtout parce qu’il peut contrôler la « coulée » de l’Asie Centrale vers le Golfe Persique, une position stratégique à laquelle la Russie, plus que tout autre, donne toute sa grande valeur.

Or, les choses aujourd’hui bougent. L’Afghanistan est abandonné par les forces américaines et les forces du NATO, et la situation dans ce pays peut rapidement devenir inquiétante. A quoi faut-il s’attendre : guerre civile, démembrement du pays au profit de certains pays voisins, retour au pouvoir des Talibans… ?

Sur place un seul pays voisin pourrait intervenir, peut-être valablement, à condition d’être appuyé par une grande puissance… qui naturellement serait la Russie. Une Russie qui pourrait neutraliser les aspirations interventionnistes de l’Inde et contrôler les ambitions trop démesurées de la Chine.

La Russie en position de force en Afghanistan, quelle prodigieuse revanche de son élimination de ce pays par l’Angleterre, il y a plus de 150 ans…

Tous les Russes peuvent en rêver et quelle gloire pour le Tsar POUTINE…

Tout cela vaut bien un rapprochement, même un peu désagréable, avec le Pakistan.