Livret de 29 pages – 16 Photos – Cartes

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Livret de 29 pages – 16 Photos – Cartes

Le premier Sultanat de Delhi, dont la Dynastie régnante est la Dynastie des Mu’izzi, dite Dynastie des Esclaves, est directement descendant des Sultanats musulmans d’Afghanistan, le Sultanat de Ghazni auquel succèdera le Sultanat de Ghor.

 

Avant d’aborder la propre histoire du Sultanat de Delhi, Dynastie des Esclaves, il nous a semblé impératif de faire l’histoire sommaire de ces deux Sultanats Ghazni et Ghor.

 

Dans les années 950, la Dynastie musulmane des Samanides qui règne entre Amu Daria et Hindu-Kush, décide de s’implanter en Afghanistan, à Ghazni, une ville située sur le plateau afghan à 2 000 mètres d’altitude et à 150 km au Sud-ouest de Kaboul.

 

Dès 960, le Général qui commande, pour le compte des Samanides, à Ghazni est un mercenaire turc qui très vite prend son indépendance et se de déclare, Sultan de Ghazni.

 

Il règnera à peine deux ans et sera succédé par un autre Officier d’origine turque Subuktegin qui sera un grand Général et un excellent administrateur. Il établira solidement le Sultanat de Ghazni et créera sa propre Dynastie, celle des Ghaznevides. Il règnera 15 ans sera succédé par son fils, Mamud, qui lui va régner 33 ans, jusqu’en 1030.

 

Mamud fut un excellent administrateur qui finança le développement de son Sultanat par le pillage systématique de la grande riche plaine Indo-gangétique qui s’étendait à ses pieds. Pendant son règne, il descendit 17 fois dans la plaine (tous les deux ans) d’où il rapportait d’énormes butins, après avoir détruit temples et forts hindous, et massacré sans compter.

 

En 1059, le petit-fils de Mamud, Ibrahim, redressa l’administration du Sultanat qui se mourrait de ses richesses et le premier, se posa le problème : plutôt que mener ces raids, qui certes rapportent des richesses, mais ne convertissent peu ou pas les « infidèles », ne vaudrait-il pas mieux s’implanter dans la plaine. Le problème religieux est pour lui essentiel, car il est un très bon musulman et il se doit de convertir…

 

Cependant il hésite, il tergiverse et ne prend aucune décision.

 

Ses successeurs, qui continuent de régulièrement piller la plaine, vivent dans l’opulence et la richesse et sont bien incapables d’élaborer une grande stratégie

 

Et ceci pendant près de 100 ans, jusqu’à ce que Khusru, un jeune Sultan, reprenne les idées de Mamud et Ibrahim. Il va mettre sur pied un véritable plan moderne de conquête de la plaine et d’implantation d’un grand Sultanat, par exemple à Delhi.

 

Ses préparatifs sont terminés et Khusru va porter son armée dans la plaine, lorsqu’un petit Seigneur, pratiquement inconnu, Muhamad, Sultan de Ghor, ma ville insignifiante du Nord de l’Afghanistan, par un coup de main d’une audace folle enlève Ghazni qu’il détruit en partie et chasse Khusru. Nous somme en 1173.

 

Muhamad est, plus encore que Khusru, convaincu qu’il lui faut s’implanter dans le plaine et reprenant les plans de Khusru, il descend dans la plaine où il va rencontrer une résistance beaucoup plus forte que prévu. Il est vaincu, par une fédération des Princes de la région, en 1191, à la première bataille de Tarain. Il renforce son armée et est vainqueur à la 2ème bataille de Tarain, en 1192.

 

A cette deuxième bataille, le Prince Rajpoute Pritiviraj combattra héroïquement et sera tué, devenant pour l’éternité, l’emblème de la résistance hindoue à la poussée musulmane.

 

Et c’est la cavalcade. Muhamad enlevé le Doab, Kanauj, Bénarès… Il conquiert le Bengale. Son Empire s’étend de l’Afghanistan au Golfe du Bengale.

 

Et il se livre à une persécution brutale des hindous. Destructions de leurs temples, écoles, universités, il brule leurs bibliothèques. Les moines bouddhistes sont systématiquement chassés et massacrés.

 

En 1206, Muhamad, Sultan de Ghor et de Ghazni meurt, laissant son immense Empire, à Qutub, un Turc, qui l’a accompagné depuis Ghor et a été son meilleur général.

 

QUTUB UD-DIN AIBAK : nous n’avons pas sa date de naissance exacte, probablement vers 1170. Nous ne connaissons pratiquement rien de ses origines, sinon qu’il est un enfant volé en Méditerranée par les Turcs comme beaucoup d’autres à cette époque. Probablement était-il un enfant Viking de Sicile, car il devint un grand blond aux yeux clairs !

 

Il ne suivit pas la formation traditionnelle des Janissaires (soldats mercenaires de l’Etat Turc) comme il aurait dû normalement le faire, mais fut vendu, tout enfant, au Sultanat de Ghor en Afghanistan où Muhamad, lorsqu’il devint Sultan de Ghor, le remarqua pour son intelligence, sa force, sa bravoure… Qutub va désormais suivre la filière, brillant officier, général exceptionnel, il va se couvrir de gloire aux deux batailles de Tarain et devint le premier général du Sultan Muhamad qui fera de lui son Vice-Roi lorsqu’il sera rappelé en Asie Centrale, alors qu’il allait fonder le Sultanat de Delhi.

 

C’est ainsi que Qutub devient, à partir de 1193, le maître de toutes les possessions du Sultanat de Ghor en Inde.

 

Et tout d’abord, il impose l’ordre et la paix sur tous les territoires du Sultanat avant de se lancer dans de grandes conquêtes : Kanauj, Gujerat, Bengale et Bihar, Royaume Chandela de Kajuraho, etc.

 

S’inspirant d’Ashoka et de Kautilya, 1 000 ans avant lui, il crée une admirable administration, une justice saine, une économie prospère. Il est un grand souverain.

 

Et humainement, il est un homme « bon », généreux, désintéressé, ne gardant rien pour lui.

 

Bon musulman, il veut convertir les hindous à sa foi, et il essaiera toutes formes possibles de « conviction », mais là les résultats de ses efforts sont peu encourageants et il finira par conclure qu’il doit employer la force. C’est la coercition : il rase les 27 temples hindous de Delhi, utilisant leurs pierres, pour construire mosquées et minarets.

 

Il fait l’impossible pour éviter des heurts trop violents entre les hindous et les forces musulmanes, et il évite de recourir aux massacres…

 

Les hindous souffrent mais ne se révoltent pas. Ils aiment leur maître, qu’ils savent être « bon ».

 

En 1206, Muhamad de Ghor, le Grand Sultan meurt.

 

Qutub accède au trône, se déclarant Sultan de Delhi (et non Sultan de Ghor) et fonde sa Dynastie, la Dynastie des Mui’zzi qui très vite ne sera plus connue que comme la Dynastie des Esclaves.

 

En 1210, Qutub meurt victime d’un accident au cours d’un match de polo.

 

Comme Vice-Roi, il a gouverné pendant 14 ans et comme Sultan, il a régné souverainement pendant 4 ans.

 

Il reste dans l’Histoire un souverain unique par sa grâce, son élégance, sa bonté et peut-être plus encore par sa loyauté envers son devoir d’Etat qui lui impose persécutions et répressions, que plus que tout, il hait.

 

Qutub meurt sans héritier. Il n’a rien prévu pour sa succession, et la cour porte au pouvoir un officier turc Aram Sha, qui ne règnera que 8 mois. Rejeté par la plupart des officiers de l’Armée,

Aram Sha courageusement défendit   son trône, mais fut tué dans un combat.

 

Un des plus vieux compagnons de Qutub, Iltumish, est alors intronisé par les officiers turcs du Sultanat en 1211.

 

SHAM UD-DIN ILTUMISH : comme Qutub, il est un enfant « esclave » turc qui fut, tout jeune, vendu au Sultanat de Ghor où il servit fidèlement Qutub, comme officier, puis comme général.

 

Jusqu’à la mort de son maître, Qutub, il sera à ses côtés.

 

Porté au trône par ses pairs, les officiers turcs du Sultanat, il rencontrera de nombreuses difficultés pour s’imposer à la cour, et dans les provinces où beaucoup de Gouverneurs se sont révoltés.

 

Tout son règne sera consacré à imposer l’ordre dans les territoires dont il a hérité et à conquérir de nouvelles provinces telles le Sind, le Malwa, l’Assam…

 

En 1221, une bannière (la bannière est de 10 000 cavaliers) de Gengis Khan apparait sur l’Indus, Iltumish sait que ses forces ne sont pas capables de d’opposer aux forces de Gengis Khan, alors sagement, il négocie et il paye ; Gengis Khan renoncera à pénétrer en Inde.

 

Nous n’avons jamais su combien il paya, mais nous savons qu’il fallut 220 chameaux pour transporter les sacs d’or, d’argent et de pierreries du tribut.

 

La tâche accomplie par Iltumish est admirable. Non seulement il agrandit considérablement les territoires du Sultanat, mais impose la paix sur tous ces territoires.

 

Son administration est désormais entre les mains de fonctionnaires sélectionnés pour leur compétence et payés par l’Etat. Cette administration est saine et n’est pas corrompue.

 

Ses finances sont rigoureuses et l’Etat est riche.

 

Entouré de savants, philosophes, artistes, Iltumish fait de Delhi un nouveau Bagdad…

 

Le peuple est heureux et les hindous louent l’empereur. Pourtant, il y a une ombre à ce tableau idyllique… Iltumish n’a pas su conquérir à la vraie foi les infidèles hindous. Il en est conscient et en bon musulman, il en souffre. Par ailleurs, grand administrateur et grand général, il estime, il mesure et il craint. Il craint, car il est conscient que lui et ses fidèles ne sont qu’une poignée de milliers, face à des millions…

 

Le déséquilibre est trop important, et il est impossible de ne pas imaginer qu’un jour la masse hindoue, ne se révoltera pas.

 

Iltumish a pris contact avec les religieux et les sages hindous. Il est le premier souverain musulman à le faire et il découvre un monde, peuplé d’hommes de grandes valeurs, qui sont, eux aussi, des croyants prêts à l’extrême pour leur foi.

 

Il craignait, maintenant il tremble…

 

Et la seule solution qu’il trouvera sera la répression extrême. L’Hindouisme est la vraie menace à l’Islam, et il faut donc détruire l’Hindouisme… on arrive au stade du génocide.

 

Il détruira les temples, les lieux de prière. Il interdit les assemblées, toutes les assemblées. Il ruine les écoles et tous les espaces de culture. Enfin, il imposera la stricte perception de la Jiziya, la taxe levée sur tous les non-musulmans, une taxe qui peut ruiner le contribuable et de fait, réduire les hindous à la misère.

 

Ainsi, il laissera, sur son exceptionnel règne, une tache indélébile qui marque ce que certains d’entre nous appellent le « grand tournant » de deux admirables civilisations-religions qui décident de s’ignorer avant de se haïr.

 

Iltumish avait désigné sa fille Raziya comme devant lui succéder, mais les officiers du Sultanat en décident autrement et désignent son fils Firuz, qui n’était qu’un incapable. Firuz confiera tous les pouvoirs à sa mère qui ne fut pas supportée par les officiers de la cour, et mise à mal.

 

Firuz mourut mystérieusement, après avoir régné à peine un an, et avec l’appui du peuple de Delhi, sa sœur Raziya prend le pouvoir.

 

JALALAT UD-DIN RAZIYA: a été une enfant exceptionnelle tant par sa beauté que par sa précocité.

 

Son Père, très vite, apprécie son intelligence et son caractère impétueux et il la prépare à lui succéder.

 

C’est à huit ans qu’elle assistera à son premier Conseil des Ministres, au cours duquel elle sidéra les assistants par la pertinence de ses questions et la justesse de ses interventions.

 

Désormais, elle va participer à toutes les grandes décisions prises par son père, qu’elle assistera en ses derniers moments.

 

Intronisée Sultane en 1236, elle va devoir faire face à de nombreux complots à la cour, et à des révoltes multiplies dans les provinces.

 

Elle réorganise alors son Administration et confie tous les postes clefs du Sultanat à ses Conseillers Abyssins qui lui sont tous dévoués. Puis elle prend la tête de ses armées et rétablit son autorité sur tous ses territoires, se révélant un intrépide chef de guerre.

 

Mais Raziya mène une vie dissolue et ses adversaires réussissent à la faire condamner par les Religieux de la Mecque. Beaucoup de ses suivants l’abandonne alors, et finalement, elle est arrêtée et enfermée dans une forteresse du Punjab.

 

Elle en profitera pour séduire son geôlier, le Gouverneur de la Province du Punjab, elle l’épousera et tous deux, ayant reconstitué une armée, marchent sur Delhi pour rétablir Raziya sur le trône.

 

Ils seront battus par Bahram, le troisième fils d’Iltumish et frère de Raziya, dans une bataille où Raziya se couvrira de gloire.

 

Condamnés à mort,  Raziya et son époux seront exécutés.

 

Un peuple immense est présent lors de l’exécution et musulmans et hindous, côte à côte, pleurent leur « Sultane souriante, Reine des éléphants ».

 

Le bourreau, lui aussi pleure et tremble. Il ne réussira pas à décapiter Raziya et il faut qu’un jeune officier, un de ses anciens amants, se précipite pour l’achever.

 

Barham sera porté sur le trône par les officiers turcs de la cour et, réussira à rétablir un semblant d’ordre dans le Sultanat, mais il sera assassiné, à peine deux ans plus tard.

 

Son frère Mahmud lui succèdera et, désigne comme Premier Ministre Balban qui sera pendant 20 ans le réel Souverain du Sultanat.

 

En 1266, Mahmud meurt et Balban s’empare du pouvoir.

 

Balban rétablira l’autorité du Sultanat sur tous ses territoires et les administrera remarquablement.

 

Il devra, sans cesse au cours de son règne, repousser les attaques Moghols sur le Punjab.

 

Sur le plan religieux, il sera intransigeant, Musulman Orthodoxe Sunni (il se fait appeler « Ombre de Dieu ») il sera plus encore que ses prédécesseurs, convaincu qu’il faut convertir un grand nombre d’hindous et il pratiquera fanatiquement la répression et la persécution.

 

Il meurt en 1286, après avoir désigné comme successeur son petit-fils Kai Khusru, fils de Muhamad, dont les officiers turcs du Sultanat refuseront d’accepter la nomination.

 

Ils mettront, alors, sur le trône un enfant âgé seulement de 3 ans.

 

C’est alors que Firuz Khalji, Commandant en Chef de l’Armée du Sultanat, prendra le pouvoir, en fondant la Dynastie des Khalji.

 

 

Bilan de la Dynastie des Esclaves

  

Cette dynastie règnera 84 ans, et est exceptionnelle.

 

Elle comprendra :

 

–       5 Sultans « médiocres »,

 

–       1 Sultan responsable : Mahmud,

 

–       1 Sultane qui ne règnera que 4 ans, mais sera « grande »,

 

–       3 Sultans qui dont des êtres d’exception appartenant à l’Histoire :

Quitub,

Iltumish,

et Balban.

 

Tous les trois sont à l’origine « des esclaves » turcs.

 

Tous les trois sont de bons musulmans obsédés par leur devoir de convertir l’infidèle.

 

Tous les trois seront de grands Généraux, de remarquables Administrateurs, des passionnés de l’Etat. Ils seront de fins lettrés et des admirateurs de l’Art.

 

Pour pouvoir les juger, rappelons-nous que leurs territoires étaient « immenses », approximativement 5 fois la superficie de la France


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