Livret de 10 pages – 7 Photos – Cartes

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Livret de 10 pages – 7 Photos – Cartes

Cet évènement va avoir des conséquences totalement imprévues : les Hollandais qui ont organisés de puissants réseaux de transport et de distribution des marchandises d’Orient débarquées dans le port de Lisbonne, comprennent que les Espagnols, qui sont en guerre avec eux, vont profiter de leur nouvelle position juridique pour les éliminer et s’approprier le contrôle des marchandises orientales arrivant au Portugal.

 

La seule réponse pour les Hollandais est de créer un trafic direct des pays d’Orient vers le Nord de l’Europe en évitant Lisbonne.

 

Des centaines de Hollandais, tant des commerçants que des entrepreneurs ou des aventuriers, vont alors se lancer à la conquête de l’Océan Indien qui est depuis 1500 dominé par les Portugais qui se sont approprié un véritable monopole de la navigation dans ces mers de l’Est.

 

Les Hollandais vont faire preuve d’une incroyable ingéniosité et d’un courage sans faille en se lançant dans ces espaces qui leur était jusqu’alors inconnus et en évitant, quand cela était possible les navires de la flotte Portugaise, sinon en les combattants.

 

Mais ces expéditions hollandaises qui sont le fait de petites compagnies de navigation et de navigateurs individuels sont sans grands moyens et sans organisation valable et les autorités hollandaises bien que par principe, elles refusent d’intervenir dans les affaires privées, jugent  qu’il est de l’intérêt de la nation, de regrouper toutes les compagnies existantes ainsi que les navigateurs individuels en une grande compagnie nationale : «  La Dutch East Indies Company », que nous appellerons plus simplement « La Dutch ».

 

A cette compagnie les autorités hollandaises vont officiellement, par décret, attribuer des droits souverains extraordinaires :

 

–       monopole du commerce avec les Indes et l’Insulinde,

 

–       droit de faire la guerre à l’Espagne,

 

–       obligation de s’opposer à tout nouveau venu dans l’Océan Indien, (donc les Anglais, et plus tard, les Français),

 

–       autorisation de maintenir ses propres forces armées sur terre et sur mer, de déclarer la guerre, de faire la paix, de signer des traités au nom des Pays-Bas.

 

C’est du délire.

 

La Dutch est une compagnie privée dans laquelle le gouvernement ne prend aucune participation. Son capital initial de 540 000 livres est levé par une souscription nationale à laquelle le gouvernement ne participe pas…

 

Un point très important : au lieu de devoir établir des relations multiples avec différents ministères pour régler ses affaires avec l’Etat, La Dutch va obtenir de ne traiter qu’avec une seule autorité dûment établie par l’Etat à cet effet. Ce « système » est en fait génial car il va éviter à La Dutch des rapports souvent difficiles et conflictuels avec leurs autorités.

 

Dès 1602, La Dutch navigue. Elle s’intéressera tout d’abord à l’Insulinde où elle crée des comptoirs commerciaux à Bantam et à Java et en 1609, elle crée le port de Batavia (aujourd’hui la ville de Jakarta).

 

Au cours des deux décennies suivantes, elle chasse les Anglais des Moluques et les Portugais de Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka). Enfin, elle enlève Malacca aux Portugais et finalement s’installe à Sumatra.

 

En un mot, La Dutch dans les années 1620, contrôle l’Insulinde. C’est une réussite éclatante, d’autant plus que la compagnie n’a pas oublié les Indes qui faisaient partie de ses objectifs initiaux.

 

Dès 1604, La Dutch s’est implantée à Surat au Nord de la Côte Ouest de la Péninsule Indienne, puis elle s’est intéressée à la Côte Est de la Péninsule et à crée le comptoir de Masulipatam.

 

Enfin, elle a gagné le Bengale et a implanté sur l’Hooghly, un puissant comptoir Chinsura.

 

Les Hollandais sont partout en but à une hostilité haineuse des Anglais, et aussi bien sûr des Portugais, mais ils résistent et se développent régulièrement prenant des parts de marché de plus en plus importantes.

 

Entre 1620 et 1660, pendant 40 ans, Les Hollandais sont les plus importants Européens dans les Indes, car les Portugais se sont « endormis » à Goa, sur leurs richesses, et les Anglais ne sont pas encore solidement implantés. Quant aux Français, ils ne viendront que plus tard.

 

La puissance de « La Dutch » est alors incroyable. Elle possède de l’ordre de 150 navires de commerce, et de 40 navires de ligne modernes, plus une armée de 15 000 soldats professionnels… Et, c’est ahurissant, elle distribue des dividendes de 40 à 50 % par an à ses actionnaires. Répétons-le, c’est incroyable !

 

Cependant les Anglais, de leur côté, développent remarquablement leurs activités, puis les Français, à partir de 1665 apparaissent. La concurrence devient rude entre les comptoirs étrangers et les Hollandais qui tirent d’immenses profits de leur exploitation de l’Insulinde décident qu’il leurs faut se concentrer sur ce pays et ne plus s’acharner à maintenir et développer leur influence dans les Indes.

 

Pendant les 100 années qui suivent, les Hollandais ne maintiendront, en Inde qu’une présence de plus en plus réduite et même symbolique.

 

Mais beaucoup de Hollandais n’acceptent pas cette politique. Ils constatent la montée irréversible des puissances Anglaises, puis Françaises en Inde, où ces pays sont en voie de se tailles des empires qui pourraient, à terme, menacer l’Insulinde.

 

Selon eux, les Pays-Bas doivent réagir, et en 1750, les autorités hollandaises de Batavia qui supervisent les activités hollandaises en Extrême-Asie décident de remettre en état les fortifications de leur comptoir de Chinsura au Bengale.

 

Il s’agit là d’une pure provocation à l’égard des Anglais qui décident de répondre brutalement à tout affrontement provoqué par les Hollandais.

 

Les incidents se multiplient et on arrive rapidement à un état de conflit.

 

En septembre 1759, après plusieurs combats sanglants, les anglais affrontent les Hollandais, à proximité de Chinsura et les écrasent.

 

Les Hollandais dont la défaite est totale, signent alors un traité abandonnant Chinsura aux Anglais et leurs payent une énorme indemnité. Les dernières troupes Hollandaises quittent les rives de l’Hooghly et les navires de ligne Hollandais présents, sur le grand fleuve, se retirent vers Batavia.

 

Les Hollandais n’ont désormais plus aucun comptoir en Inde, et leur présence se résumera rapidement à quelques opérations commerciales.

 

Ainsi finira une page d’histoire assez extraordinaire, alors qu’une autre page, celle-là longue et glorieuse, se confirme pour les Hollandais dans l’Insulinde.


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