Livret de 14 pages – 10 Photos – Cartes
Description
Livret de 14 pages – 10 Photos – Cartes
Dans les années 1500 les Portugais vont successivement doubler le cap de Bonne Espérance, au Sud, de l’Afrique, pénétrer dans l’Océan Indien et gagner la côte Ouest de la Péninsule Indienne. La route maritime des Indes est ouverte.Dans les ports de Saint Malo, de Dieppe, de Boulogne… nos marins rêvent et certains d’entre eux vont se lancer à l’aventure. Mais l’Océan Indien est désormais dominé par les Portugais, qui chassent et coulent, sans pitié, les navires intrus, après avoir massacrés leurs équipages.Quelques-uns de nos marins réussirent, à grande peine, à tromper la vigilance portugaise et à atteindre les côtes indiennes où ils pourront se procurer des épices qu’ils vendront à leur retour, à grand prix.
Le profit est donc bien là, mais il ne compense pas le risque énorme, et petit à petit la route maritime des Indes sera abandonnée.
Ce n’est que 50 ans plus tard, dans la deuxième par partie du XVIe siècle, que les Hollandais vont décider de tenter leur chance, car ils y sont pratiquement obligés.
Au cours des décennies précédentes, ils ont organisé des réseaux de distribution et de transport des marchandises de l’Extrême-Orient, débarquée, par les Portugais dans le port de Lisbonne, et ceci dans tous les pays du Nord de l’Europe. Or l’Espagne vient de s’unir avec le Portugal et les Hollandais, qui sont en guerre avec l’Espagne, savent bien que cette dernière, un jour ou l’autre, leur fermera l’accès au port de Lisbonne.
Il leur faut donc, absolument briser le monopole portugais sur l’Océan Indien, afin de pouvoir gagner un accès direct aux fournisseurs de l’Extrême-Orient.
Les Hollandais de cette époque furent admirables, et ils combattirent avec un extrême courage les Portugais qui, petit à petit, s’affaiblissaient ; devenus trop riches, leurs équipages n’étaient plus prêts aux rudes combats en mer.
Les Hollandais vont alors progressivement assurer leur sécurité en mer, puis implanter des « comptoirs » sur les côtes indiennes et ainsi prendre une part de plus en plus importante dans les réseaux commerciaux.
Nos navigateurs malouins et autres auraient pu suivre les Hollandais, mais seuls très peu d’entre eux coururent le risque qui restait très réel, puis découragés abandonnèrent.
Cependant, Richelieu comprit que, là-bas à l’Est, il se passait quelque chose. Les Portugais restent une puissance dans ces régions d’Extrême Asie, et maintenant les Hollandais s’y font une place. Quant aux Anglais, en ce début du XVIIe siècle, ils ne cachent plus leurs intérêts pour ces pays.
Richelieu profitera des excellentes relations avec les Pays-Bas, ennemis de l’Espagne, pour négocier avec eux. En 1624, le « Traité de Compiègne » est signé. Il reconnait aux marins et commerçants Français le droit de naviguer et de commercer librement dans l’Océan Indien et dans les mers de Chine.
Mais, nos navigateurs, nos commerçants, nos financiers ignoreront (on peut dire totalement) l’opportunité qui était offerte par ce traité. Il faudra attendre Colbert pour que la France s’intéresse à nouveau à l’Extrême-Orient, et ceci dans les années 1655.
Cependant, ce n’est qu’en 1660 que sera créée la Compagnie Commerciale Française, semblable aux Compagnies Hollandaises et Anglaises, opérant en Extrême-Asie.
Cette compagnie sera appelée « La Compagnie Française pour le Commerce des Indes Orientales » que nous appellerons, tout simplement : « La Compagnie Française ».
Cette Compagnie se vit doter par le Gouvernement Français, d’un monopole du commerce du Cap de Bonne Espérance, au Cap Horn. En somme, nous nous ne contentions pas de l’Océan Indien, mais nous y ajoutions tout le Pacifique !
Les statuts de la Compagnie Française sont ceux d’une manufacture royale. Elle ne paie pas d’impôt, et dispose de la garantie d’Etat. Elle a pouvoir de nommer des Ambassadeurs, de déclarer la guerre et de conclure des traités. Son siège est à Lorient.
Son capital est de 8 800 000 livres, entièrement souscrit par l’état.
Nous sommes donc complètement à l’opposé de nos concurrents Anglais et Hollandais, dont les Compagnies sont totalement privées.
Par ailleurs, la Compagnie Française, s’est vu fixées de multiples objectifs. Outre le fait de faire du commerce et de gagner de l’argent, elle doit affirmer la présence française en Extrême-Orient et y propager la civilisation française et la religion chrétienne… Grandeur absurde !!!
En somme, Colbert a voulu créer une compagnie semblable aux compagnies anglaises et hollandaises, et finalement il crée une unité étatique, que nous désignerions dans notre langage actuel, comme une « usine à gaz ».
En 1666, pour la première fois la Compagnie Française se manifeste en Inde. Avec audace et énergie, elle va s’implanter au cours des 30 années suivantes sur les côtes Ouest et Est de la Péninsule Indienne, avec des comptoirs à Masulipatam, Pondichéry, Chandernagor, Calicut, Mahé etc.
Ses activités commerciales, très profitables, se développent au même rythme que ses implantations, et en 1700, elle peut faire face à la concurrence hollandaise et anglaise.
Paris est très satisfait…
Mais les Hollandais et les Anglais ont senti le danger présenté par la présence française et ils multiplient leurs efforts. La concurrence devient difficilement supportable, et rapidement la Compagnie Française est mise en difficulté. En 1720, la Compagnie est au bord de la faillite, et à la demande du gouvernement français, elle est reprise par le fameux banquier Law.
Cette reprise ne résoudra rien, et dès 1722, le gouvernement doit réorganiser la Compagnie, c’est-à-dire, la recapitaliser aux frais de l’Etat.
Les 20 années qui suivent seront difficiles, mais cependant, la Compagnie Française survit et même développe assez efficacement ses activités commerciales. C’est alors, en 1744, qu’elle décide de nommer un jeune et brillant commerçant, membre de la Compagnie depuis 1725 : Joseph-François Dupleix, « Directeur Général des Comptoir Français de l’Inde ».
Joseph-François Dupleix a prouvé au cours des 20 dernières années qu’il est un remarquable commerçant et aussi un organisateur et un stratège. Exceptionnellement aidé par son épouse Jeanne, qui est une métisse passionnée par la culture de l’Inde et que les Indiens dénomment Jan Bégum, Dupleix va donner à la Compagnie une impulsion politique et commerciale incroyable.
Alors que Dupleix vient d’être nommé Directeur, la guerre de Succession d’Autriche éclate en Europe. Dupleix passe immédiatement à l’offensive et attaque les Anglais, avec l’appui de l’Amiral de La Bourdonnais, Commandant de la Flotte Française d’Extrême-Orient, qui vient d’arriver de sa base de l’île Maurice.
Il attaque Madras, qu’il enlève, en dépit de la résistance acharnée de Robert Clive qui sera, désormais, son grand ennemi dans la Péninsule.
La répercussion de la chute de Madras est grande et Dupleix en profite pour raffermir ses accords avec les Princes d’Hyderabad, puis du Carnatic. Dupleix est alors en passe de contrôler le Centre et le Sud de la Péninsule.
Beaucoup désormais, considèrent que le partage de l’Inde entre la France est acquis.
Mais en 1748, en Europe c’est la paix d’Aix La Chapelle qui met fin à la Guerre de Succession d’Autriche. Et incompréhensible, incroyable, inimaginable, par ce Traité la France rend Madras aux Anglais.
C’est l’effondrement de toute l’œuvre de Dupleix car, plus aucun Prince n’aura confiance en la France, alors que Dupleix a basé toute son action sur de solides alliances, avec les Princes locaux.
Et là Dupleix va faire une grave erreur. Certes, il a rendu Madras aux Anglais, mais il n’accepte pas d’abandonner totalement le combat, et il continue subrepticement à entretenir entre Français et Anglais, une guerre louvée.
Paris n’est pas d’accord, Paris veut la paix. En 1754, Dupleix est rappelé en France où il est « embastillé ». Devant faire face à des accusations totalement injustifiées, il se bat comme un lion et est finalement acquitté. Mais il est brisé et pratiquement indigent, il mourra seul, ignoré de tous.
Le successeur de Dupleix, Godeheu sera un ridicule administrateur qui appliquera lâchement les directives de Paris, et signera avec les Anglais un « Traité Provisoire » qui leur rend tous les territoires dont Dupleix, s’était assuré la domination.
Godeheu, finalement sera rappelé à Paris et remplacé par Lally-Tottendal, un jeune général d’origine Irlandaise, nommé Gouverneur Général des Comptoirs Français.
Dès son arrivée à Pondichéry, Lally rompt brutalement le « Traité Provisoire » de Godeheu, puis regroupe dans le Sud toutes les troupes dont il dispose. Il va alors remporter de nombreux succès contre les Anglais.
La situation générale est devenue « bonne » et certains estiment que la France pourrait redresser sa position en Inde.
Or là, Lally va, incompréhensiblement, tout gâcher. En 1760, il prépare mal puis engage mal une bataille qui aurait dû confirmer son triomphe : la bataille de Wandiwash.
Il sera écrasé à Wandiwash, dans des conditions lamentables. Il perdra là toutes ses troupes, et les Anglais, sans coup férir, enlèveront Pondichéry dont les fortifications seront rasées.
La France ne gardera, en Inde, que cinq comptoirs, tous désarmés : Pondichéry, Chandernagor, Karical, Yanaon et Mahé.
Lally rappelé en France, sera arrêté, jugé et exécuté. Il ne sera réhabilité que 10 ans plus tard.
En 1793, sous la Terreur, les Directeurs de la Compagnie Française seront arrêtés pour activités contre-révolutionnaires, à l’exception de trois d’entre eux qui, la Terreur passée, attaqueront la France pour restitution de leurs biens réquisitionnés et obtiendront justice 80 ans plus tard, en 1875.
Ainsi finira la Compagnie Française des Indes Orientales.